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Informatique

Informations personnelles sensibles : Quelles données sont concernées ?

Un numéro de sécurité sociale griffonné sur un ticket de caisse, une adresse mail déposée pour tenter sa chance à un concours, un historique de géolocalisation qui traîne au fond d’un vieux téléphone : nos secrets ne se cachent pas toujours où on les croit. L’ordinaire déborde de fragments intimes, parfois banals, parfois explosifs.

Derrière chaque geste numérique, une marée de données circule. Certaines crient leur identité, nom, photo, date de naissance,, d’autres se dissimulent à la lisière de l’intime : empreinte digitale, opinion politique, préférences alimentaires. Mais où s’arrête la donnée de tous les jours et où commence la donnée qui mérite d’être gardée sous clé ? Un plat préféré doit-il être protégé au même titre qu’un dossier médical ?

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Ce qui distingue une donnée personnelle d’une donnée sensible

Une donnée personnelle, c’est tout ce qui permet d’identifier, même indirectement, une personne concernée. Le prénom, l’adresse postale, la voix enregistrée sur un répondeur, l’adresse IP derrière un écran : tout cela entre dans la danse. Dès lors qu’une information touche à une personne physique, elle tombe dans le périmètre du RGPD, ce règlement européen qui a bouleversé la façon dont nos informations circulent et se protègent.

Mais toutes les données personnelles ne jouent pas dans la même cour. La donnée sensible est une espèce bien particulière : selon le RGPD, il s’agit d’informations qui, si elles tombaient entre de mauvaises mains, pourraient faire bien des dégâts, discrimination, humiliation, atteinte à la réputation. La règle est simple : toute donnée sensible est d’abord une donnée personnelle, mais l’inverse n’est pas vrai.

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Donnée personnelle Donnée sensible
Permet d’identifier une personne (nom, adresse, numéro de téléphone) Révèle des aspects très privés (origine raciale, opinions politiques, santé …)
Tout traitement est encadré par le RGPD Traitements soumis à des conditions strictes, parfois interdits par défaut

Un détail anodin, recoupé avec d’autres, peut révéler une information que l’on aurait préféré garder pour soi. Un ticket de caisse qui trahit des achats en pharmacie, une géolocalisation répétée devant un lieu de culte : l’accumulation fait surgir la donnée sensible là où on ne l’attend pas. Le numérique ne pardonne pas l’approximation, et la frontière entre privé et confidentiel se déplace au gré de nos usages.

Quelles informations sont réellement considérées comme sensibles ?

Une information devient sensible dès qu’elle touche à des aspects profonds, dont la divulgation pourrait causer des préjudices graves. Le RGPD et la loi Informatique et Libertés dressent une liste précise de ces catégories :

  • l’origine raciale ou ethnique d’une personne
  • les opinions politiques
  • les convictions religieuses ou philosophiques
  • l’appartenance syndicale
  • les données génétiques et biométriques
  • les données de santé
  • la vie sexuelle ou l’orientation sexuelle

Impossible d’ignorer le numéro de sécurité sociale (NIR) : en France, il figure parmi les informations ultra-protégées. La CJUE affine régulièrement la définition de ces notions, et le Conseil constitutionnel veille à ce qu’aucun traitement ne puisse être fondé sur l’origine ethnique ou raciale sans justification impérieuse.

Les données biométriques, empreintes, reconnaissance faciale, permettent d’identifier quelqu’un de façon unique : leur traitement appelle une vigilance extrême. Même chose pour les données de santé, qui englobent aussi bien les dossiers médicaux que les relevés d’objets connectés.

Par principe, le traitement de ces données est interdit, sauf rares exceptions : consentement clair, motif de santé publique, recherche scientifique ou publication volontaire par la personne. Même la Commission européenne ne peut y accéder que sous le regard intransigeant des autorités nationales.

Les risques liés à la divulgation de données sensibles

Si une donnée sensible s’échappe, les conséquences peuvent être violentes. La discrimination guette : refuser un emploi, un logement, un crédit sur la base d’une information intime, c’est possible dès qu’une donnée confidentielle se retrouve exposée. Orientation sexuelle, antécédents médicaux, origine : une fuite, et la vie bascule.

Le vrai piège ? Le croisement des données. Un détail ici, une habitude là, et l’on reconstitue un portrait inattendu. Les collecteurs de données, plateformes, applications, institutions, savent que notre identité numérique se construit par couches, et que l’addition de fragments anodins finit par révéler l’essentiel à qui sait lire entre les lignes.

  • usurpation d’identité à partir de données biométriques ou d’informations médicales
  • pressions, chantage, harcèlement quand des opinions ou appartenances syndicales sortent du cercle privé
  • refus d’assurance, d’accès à un service, exclusion fondée sur des informations confidentielles

La protection de ces données n’est pas qu’un impératif légal : c’est la condition d’une société qui respecte l’égalité et la dignité. Le RGPD érige la confidentialité des informations sensibles en socle de la confiance numérique. Car la faille ne touche pas seulement l’individu : c’est tout l’équilibre collectif qui vacille si la frontière du secret s’efface.

données sensibles

Protéger efficacement ses informations sensibles au quotidien

Derrière l’arsenal du RGPD, une logique simple : par défaut, le traitement des données sensibles est interdit, sauf exceptions béton. Consentement explicite, intérêt public, recherche, médecine : seules certaines situations autorisent la manipulation de ces informations. Et quand une personne choisit de les rendre publiques, la règle s’adapte, mais la vigilance reste de mise.

La CNIL veille au grain. Elle contrôle, sanctionne, impose des garde-fous. Les responsables de traitement doivent mobiliser des armes techniques et organisationnelles : pseudonymisation, cryptage, protocoles d’accès limités. L’objectif ? Limiter l’impact d’une fuite, empêcher l’identification directe en cas d’incident.

  • Privilégiez des mots de passe solides, uniques pour chaque service utilisé
  • Ne laissez pas vos informations personnelles en libre-service sur les réseaux sociaux
  • Prenez le temps de lire la politique de confidentialité avant de confier vos données à une application ou à un site

Transparence et confidentialité : deux exigences qui s’imposent à tous, des associations aux géants du web. Chacun doit pouvoir savoir qui collecte ses données, pour quelle raison, et combien de temps elles seront conservées. Le RGPD n’est pas un simple texte, c’est une invitation à la vigilance permanente, à la hauteur de ce que valent nos secrets.

Au bout du compte, la donnée sensible, c’est le fil invisible qui relie nos choix, nos croyances, nos histoires. Savoir où il passe, c’est déjà commencer à le défendre.